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La Tunisie, est un pays d'Afrique du Nord

Berceau de la civilisation carthaginoise qui atteignit son apogée au IIIe siècle av. J.-C., avant de devenir le « grenier à blé » de l’Empire romain.
Longtemps appelée Régence de Tunis, notamment sous la domination ottomane, la Tunisie passe sous protectorat français le 12 mai 1881 avec la signature du traité du Bardo. Avec l’avènement de l’indépendance, le 20 mars 1956, le pays s’achemine, au début, vers le statut d’une monarchie constitutionnelle ayant pour souverain Lamine BEY, ving-troisième et dernier bey régnant de la dynastie des Husseinites. Avec la proclamation de la république, le 25 juillet 1957, c’est le leader nationaliste Habib BOURGUIBA qui devient le premier président de la République tunisienne et modernise le pays. En 1987, le Premier ministre Zine el-Abidine BEN ALI finit par le déposer. Après 23 ans d’une présidence autoritaire et policière, caractérisée par l’importance de la corruption, BEN ALI est chassé le 14 janvier 2011 par un soulèvement populaire, pour trouver refuge en Arabie saoudite, à Djeddah.

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Topographie de la Tunisie
La Tunisie, le plus petit État du Maghreb, se situe au nord du continent africain. Il est séparé de l’Europe par une distance de 140 kilomètres au niveau du canal de Sicile. Disposant d’une superficie de 163 610 km2, le pays est limité à l’ouest par l’Algérie avec 965 km de frontière commune, au sud-est par la Libye avec 459 km de frontière et au nord et à l’est par la mer Méditerranée avec 1 298 km de côtes.

Le désert du Sahara occupe une superficie comprise entre 33 % et 40 % du territoire selon qu’on le définisse d’après son aridité ou selon des caractéristiques paysagères.
La superficie des terres à vocation agricole est estimée à dix millions d’hectares, réparties en cinq millions de terres labourables, quatre millions de parcours naturels et un million de forêts et garrigues.

La Tunisie possède un relief contrasté avec une partie septentrionale et occidentale montagneuse, la dorsale tunisienne, située dans l’extension du massif montagneux de l’Atlas ; elle est coupée par la plaine de la Medjerda, le seul cours d’eau du pays qui soit alimenté de façon continue. Le point culminant du territoire est le Djebel Chambi culminant à 1 544 mètres. À l’est, une plaine s’étend entre Hammamet et Ben Gardane, via le Sahel tunisien et la Djeffara. La partie méridionale du pays, principalement désertique, est divisée entre une succession de chotts (Chott el-Gharsa, Chott el-Jérid et Chott el-Fejaj), des plateaux rocheux et les dunes du Grand Erg Oriental. Le littoral parsemé de tombolos et de lagunes s’étend sur 1 298 kilomètres dont 575 de plages sablonneuses.
Quelques îles dont les Kerkennah et Djerba parsèment le littoral.

Le climat de la Tunisie se divise en sept zones bioclimatiques, la grande différence entre le nord et le reste du pays étant due à la chaîne de la dorsale tunisienne qui sépare les zones soumises au climat méditerranéen de celles soumises au climat aride engendré par le Sahara. En raison de sa situation géographique, le climat tunisien est influencé par divers types de vents : la côte nord est exposée aux vents marins soufflant depuis le sud de la France, ce qui provoque une baisse significative des températures et une hausse des précipitations, et le sud du pays aux vents chauds et secs tels le sirocco soufflant sur les grandes étendues désertiques et les plaines. Le pays bénéficie également d’un taux d’ensoleillement important dépassant 3 000 heures par an.

Les températures varient en fonction de la latitude, de l’altitude et de la proximité ou de l’éloignement de la mer Méditerranée. S’il peut faire quelques degrés au-dessous de 0 °C en hiver dans les montagnes de Kroumirie, la température grimpe parfois en été aux environs de 50 °C dans les régions désertiques. La pluviométrie annuelle varie également selon les régions : d’environ 1 000 millimètres au nord à environ 380 mm au centre et moins de 300 mm au sud.

L’espace tunisien apparaît inégalement peuplé et développé sur le plan socioéconomique selon un gradient intérieur - littoral (ouest - est) : les treize gouvernorats côtiers totalisent ainsi 65,3 % de la population totale avec une forte densité de population (140 habitants par km² contre 65,6 pour l’ensemble du pays). L’économie y est diversifiée, l’activité industrielle se démarquant le plus avec la concentration de 85 % des établissements industriels du pays et même de 87,5 % de l’emploi dans ce secteur économique.

La Tunisie est urbanisée à 65,6 % en 2007 et connaît un taux d’urbanisation annuelle de 3,6 %. Le réseau urbain se situe sur la bande littorale orientale, entre les régions de Bizerte et Gabès en passant par Tunis, le cap Bon, le Sahel et Sfax (centre-est du pays), qui dispose des plus grandes infrastructures économiques et concentre plus de 80 % de la population urbaine.

Gouvernorats de Tunisie
La Tunisie est divisée en 24 gouvernorats qui portent le nom de leurs chefs-lieux :

 

  1. Ariana
  2. Béja
  3. Ben Arous
  4. Bizerte
  5. Gabès
  6. Gafsa
  7. Jendouba
  8. Kairouan
  9. Kasserine
  10. Kébili
  11. Kef
  12. Mahdia
  13. Manouba
  14. Médenine
  15. Monastir
  16. Nabeul
  17. Sfax
  18. Sidi Bouzid
  19. Siliana
  20. Sousse
  21. Tataouine
  22. Tozeur
  23. Tunis
  24. Zaghouan 

Les premières traces de présence humaine en Tunisie datent du Paléolithique. C’est à vingt kilomètres à l’est de Gafsa, dans l’oasis d’El Guettar, que se rassemble une petite population nomade de chasseurs-cueilleurs moustériens. Michel Gruet, l’archéologue qui découvre le site, relève qu’ils consomment des dattes dont il retrouve le pollen aux alentours de la source aujourd’hui asséchée.
À une culture ibéromaurusienne, répartie sur le littoral et relativement minime en Tunisie, succède la période du Capsien, nom créé par Jacques de Morgan et issu du latin Capsa, qui a lui-même donné le nom de l’actuelle Gafsa. Morgan définit le Capsien comme étant une culture allant du Paléolithique supérieur au Néolithique, couvrant ainsi une période qui s’étend du VIIIe au Ve millénaires av. J.-C.
D’un point de vue ethnologique et archéologique, le Capsien prend une importance plus grande puisque des ossements et des traces d’activité humaine remontant à plus de 15 000 ans sont découverts dans la région. Outre la fabrication d’outils en pierre et en silex, les Capsiens produisaient, à partir d’ossements, divers outils dont des aiguilles pour coudre des vêtements à partir de peaux d’animaux.
Au Néolithique (4500 à 2500 av. J.-C. environ), arrivé tardivement dans cette région, la présence humaine est conditionnée par la formation du désert saharien, qui acquiert son climat actuel. De même, c’est à cette époque que le peuplement de la Tunisie s’enrichit par l’apport des Berbères, issus semble-t-il de la migration vers le nord de populations libyques (ancien terme grec désignant les populations africaines en général). Le Néolithique voit également le contact s’établir entre les Phéniciens de Tyr, les futurs Carthaginois qui fondent la civilisation punique, et les peuples autochtones de l’actuelle Tunisie, dont les Berbères sont désormais devenus la composante essentielle. On observe le passage de la Préhistoire à l’Histoire principalement dans l’apport des populations phéniciennes, même si le mode de vie néolithique continue un temps à exister aux côtés de celui des nouveaux arrivants.
Cet apport est nuancé, notamment à Carthage (centre de la civilisation punique en Occident), par la coexistence de différentes populations minoritaires mais dynamiques comme les Berbères, les Grecs, les Italiens ou les Ibères d’Espagne. Les nombreux mariages mixtes contribuent à l’établissement de la civilisation punique. 

 

De la Carthage punique à la Carthage romaine
L’entrée de la Tunisie dans l’histoire se fait par l’expansion d’une cité issue d’une colonisation proche-orientale. La Tunisie accueille progressivement une série de comptoirs phéniciens comme bien d’autres régions méditerranéennes. Le premier comptoir selon la tradition est celui d’Utique, qui date de 1101 av. J.-C. En 814 av. J.-C., des colons phéniciens venus de Tyr fondent la ville de Carthage. D’après la légende, c’est la reine Élyssa (Didon pour les Romains), sœur du roi de Tyr Pygmalion, qui est à l’origine de la cité.
Ouverte sur la mer, Carthage est également ouverte structurellement sur l’extérieur. Un siècle et demi après la fondation de la ville, les Carthaginois ou Puniques étendent leur emprise sur le bassin occidental de la mer Méditerranée. Cette présence prend diverses formes, y compris celle de la colonisation, mais reste d’abord commerciale (comptoirs de commerce, signature de traités, etc.) La mutation vers un empire plus terrestre se heurte aux Grecs de Sicile puis à la puissance montante de Rome et de ses alliés massaliotes, campaniens ou italiotes. Le cœur carthaginois qu’est la Tunisie, à la veille des guerres puniques, possède une capacité de production agricole supérieure à celle de Rome et de ses alliés réunis, et son exploitation fait l’admiration des Romains.
La lutte entre Rome et Carthage prend de l’ampleur avec l’essor des deux cités : ce sont les trois guerres puniques, qui faillirent voir la prise de Rome mais se conclurent par la destruction de Carthage, en 146 av. J.-C., après un siège de trois ans. À l’issue de la Troisième Guerre punique, Rome s’installe sur les décombres de la ville. La fin des guerres puniques marque l’établissement de la province romaine d’Afrique dont Utique devient la première capitale, même si le site de Carthage s’impose à nouveau par ses avantages et redevient capitale en 14.
En 44 av. J.-C., Jules César décide d’y fonder une colonie romaine, la Colonia Julia Carthago, mais il faudra attendre quelques décennies pour qu’Auguste lance les travaux de la cité. La région connaît alors une période de prospérité où l’Afrique devient pour Rome un fournisseur essentiel de productions agricoles, comme le blé et l’huile d’olive, grâce aux plantations d’oliviers chères aux Carthaginois. La province se couvre d’un réseau dense de cités romanisées dont les vestiges encore visibles à l’heure actuelle demeurent impressionnants : il suffit de mentionner les sites de Dougga (antique Thugga), Sbeïtla (Sufetula), Bulla Regia, El Jem (Thysdrus) ou Thuburbo Majus.
Partie intégrante de la République puis de l’empire avec la Numidie, la Tunisie devient pendant six siècles le siège d’une civilisation romano-africaine d’une exceptionnelle richesse, fidèle à sa vocation de « carrefour du monde antique ». La Tunisie est alors le creuset de l’art de la mosaïque, qui s’y distingue par son originalité et ses innovations.
Concurrents des dieux romains, des dieux indigènes apparaissent sur des frises d’époque impériale, et le culte de certaines divinités, Saturne et Caelestis, s’inscrit dans la continuité du culte voué par les Puniques à Ba'al Hammon et à sa parèdre Tanit. Le « carrefour du monde antique » voit aussi l’installation précoce de communautés juives et, dans le sillage de celles-ci, des premières communautés chrétiennes. L’apogée du IIe et du début du IIIe siècles ne va toutefois pas sans heurts, la province connaissant quelques crises au IIIe siècle av. J.-C. : la répression de la révolte de Gordien en 238 la frappe ; elle subit de même les affrontements entre usurpateurs au début du IVe siècle. La province est l’une des moins touchées par les difficultés que connaît l’Empire romain entre 235 et le début du IVe siècle. Avec la Tétrarchie, la province recouvre une prospérité que révèlent les vestiges archéologiques, provenant tant de constructions publiques que d’habitations privées. Cette époque est aussi le premier siècle du christianisme officiel, devenu religion licite en 313 et religion personnelle de l’empereur Constantin.

Dans un espace ouvert sur l’extérieur comme l’est alors la province d’Afrique, le christianisme se développe de façon précoce grâce aux colons, commerçants et soldats, et la région devient l’un des foyers essentiels de la diffusion de la nouvelle foi, même si les affrontements religieux y sont violents avec les païens. Dès le IIe siècle, la province applique aussi les sanctions impériales, les premiers martyrs étant attestés dès le 17 juillet 180 : ceux qui refusent de se rallier au culte officiel peuvent être torturés, relégués sur des îles, décapités, livrés aux bêtes féroces, brûlées voire crucifiés.
À la fin du IIe siècle, la nouvelle religion progresse dans la province car, malgré une situation difficile, la nouvelle foi s’implante plus vite qu’en Europe, notamment en raison du rôle social joué par l’Église d’Afrique, qui apparaît dans la seconde moitié du IIIe siècle, et du fait de la très forte densité urbaine. C’est à partir d’environ 400 que, sous l’action dynamique d’Augustin d'Hippone et l’impulsion de quelques évêques, les grands propriétaires terriens et l’aristocratie citadine se rallient au christianisme, où ils voient leur intérêt, l’Église intégrant alors les diverses couches sociales. Rapidement, la province d’Afrique est considérée comme un phare du christianisme latin occidental.
Cette expansion rencontre toutefois des obstacles, en particulier lors du schisme donatiste qui est condamné de façon définitive au concile de Carthage. Ce dernier accuse les schismatiques d’avoir coupé les liens entre l’Église catholique africaine et les Églises orientales originelles. En dépit de cette lutte religieuse, la conjoncture économique, sociale et culturelle est relativement favorable au moment du triomphe du christianisme, comme en témoignent les nombreux vestiges, notamment de basiliques à Carthage et de nombreuses églises aménagées dans d’anciens temples païens (comme à Sbeïtla) ou même certaines églises rurales découvertes récemment.
Le 19 octobre 439, après s’être rendus maîtres d’Hippone, les Vandales et les Alains entrent dans Carthage, où ils installent leur royaume pour près d’un siècle. Les Vandales sont adeptes de l’arianisme, déclarée hérésie chrétienne au concile de Nicée, ce qui ne facilite pas les relations entre eux et les notables locaux majoritairement catholiques. Or les Vandales exigent de la population une totale allégeance à leur pouvoir et à leur foi. En conséquence, dès lors qu’ils tentent de s’opposer aux Vandales, les chrétiens sont persécutés : de nombreux hommes d’Église sont martyrisés, emprisonnés ou exilés dans des camps au sud de Gafsa. Dans le domaine économique, les Vandales appliquent à l’Église la politique de confiscation dont doivent pâtir les grands propriétaires. Cependant, la culture latine reste largement préservée et le christianisme prospère tant qu’il ne s’oppose pas au souverain en place. Dans ce contexte, le territoire, enserré par des principautés berbères, est attaqué par les tribus de nomades chameliers : la défaite, en décembre 533 à la bataille de Tricaméron, confirme l’anéantissement de la puissance militaire vandale.
Carthage est prise facilement par les Byzantins dirigés par le général Bélisaire, envoyé par Justinien, le roi vandale Gélimer se rendant en 534. Malgré la résistance des Berbères, les Byzantins rétablissent l’esclavage et instituent de lourds impôts. Par ailleurs, l’administration romaine est restaurée. L’Église d’Afrique est mise au pas et Justinien fait alors de Carthage le siège de son diocèse d’Afrique. À la fin du VIe siècle, la région est placée sous l’autorité d’un exarque cumulant les pouvoirs civil et militaire, et disposant d’une large autonomie vis-à-vis de l’empereur. Prétendant imposer le christianisme d’État, les Byzantins pourchassent le paganisme, le judaïsme et les hérésies chrétiennes. Pourtant, à la suite de la crise monothéliste, les empereurs byzantins, opposés à l’Église locale, se détournent de la cité. Or, avec une Afrique byzantine entraînée dans le marasme, un état d’esprit insurrectionnel secoue des confédérations de tribus sédentarisées et constituées en principautés. Ces tribus berbères sont d’autant plus hostiles à l’Empire byzantin qu’elles ont conscience de leur propre force. Avant même sa prise par les Arabes en 698, la capitale et dans une certaine mesure la province d’Afrique se sont vidées de leurs habitants byzantins. Dès le début du VIIe siècle, l’archéologie témoigne en effet d’un repli. 

La première expédition arabe sur la Tunisie est lancée en 647. En 661, une deuxième offensive se termine par la prise de Bizerte. La troisième, menée en 670 par Oqba Ibn Nafi Al Fihri, est décisive : ce dernier fonde la ville de Kairouan au cours de la même année et cette ville devient la base des expéditions contre le nord et l’ouest du Maghreb. L’invasion complète manque d’échouer avec la mort d’Ibn Nafi en 683. Envoyé en 693 avec une puissante armée arabe, le général ghassanide Hassan Ibn Numanréussit à vaincre l’exarque et à prendre Carthage en 695. Seuls résistent certains Berbères dirigés par la Kahena.
Les Byzantins, profitant de leur supériorité navale, débarquent une armée qui s’empare de Carthage en 696 pendant que la Kahena remporte une bataille contre les Arabes en 697. Ces derniers, au prix d’un nouvel effort, finissent cependant par reprendre définitivement Carthage en 698 et par vaincre et tuer la Kahena. Contrairement aux précédents envahisseurs, les Arabes ne se contentent pas d’occuper la côte et entreprennent de conquérir l’intérieur du pays.
Après avoir résisté, les Berbères se convertissent à la religion de leurs vainqueurs, principalement à travers leur recrutement dans les rangs de l’armée victorieuse. Des centres de formation religieuse s’organisent alors, comme à Kairouan, au sein des nouveaux ribats. On ne saurait toutefois estimer l’ampleur de ce mouvement d’adhésion à lislam. D’ailleurs, refusant l’assimilation, nombreux sont ceux qui rejettent la religion dominante et adhèrent au kharidjisme, courant religieux musulman né en Orient et proclamant notamment l’égalité de tous les musulmans sans distinction de race ni de classe. La région reste une province omeyyade jusqu’en 750, quand la lutte entre Omeyyades et Abbassides voit ces derniers l’emporter. De 767 à 776, les kharidjites berbères sous le commandement d’Abou Qurra s’emparent de tout le territoire, mais ils se retirent finalement dans le royaume de Tlemcen, après avoir tué Omar ibn Hafs, surnommé Hezarmerd, dirigeant de la Tunisie à cette époque.
La Grande Mosquée de Kairouan est le principal monument religieux de la Tunisie. Chef-d’œuvre d’architecture, elle fut un pôle culturel et intellectuel important durant le Moyen Âge en particulier entre le IXe et le XIe siècle.
En 800, le calife abbasside Hâroun ar-Rachîd délègue son pouvoir en Ifriqiya à l’émir Ibrahim ibn al-Aghlab et lui donne le droit de transmettre ses fonctions par voie héréditaire. Al-Aghlab établit la dynastie des Aghlabides, qui règne durant un siècle sur le Maghreb central et oriental. Le territoire bénéficie d’une indépendance formelle tout en reconnaissant la souveraineté abbasside. La Tunisie devient un foyer culturel important avec le rayonnement de Kairouan et de sa Grande Mosquée, un centre intellectuel de haute renommée. À la fin du règne de Ziadet Allah Ier (817-838), Tunis devient la capitale de l’émirat jusqu’en 909. Appuyée par les tribus Kutama qui forment une armée fanatisée, l’action du prosélyteismaélien Abu Abd Allah ach-Chi'i entraîne la disparition de l’émirat en une quinzaine d’années (893-909). En décembre 909, Ubayd Allah al-Mahdi se proclame calife et fonde la dynastie des Fatimides, qui déclare usurpateurs les califes omeyyades et abbassides ralliés au sunnisme. L’État fatimide s’impose progressivement sur toute l’Afrique du Nord en contrôlant les routes caravanières et le commerce avec l’Afrique subsaharienne. En 945, Abu Yazid, de la grande tribu des Ifrenides, organise sans succès une grande révolte berbère pour chasser les Fatimides. Le troisième calife, Ismâ`îl al-Mansûr, transfère alors la capitale à Kairouan et s’empare de la Sicile en 948. Lorsque la dynastie fatimide déplace sa base vers l’est en 972, trois ans après la conquête finale de la région, et sans abandonner pour autant sa suzeraineté sur l’Ifriqiya, le calife Al-Muizz li-Dîn Allah confie à Bologhine ibn Ziri — fondateur de la dynastie des Zirides — le soin de gouverner la province en son nom. Les Zirides prennent peu à peu leur indépendance vis-à-vis du calife fatimide, ce qui culmine avec la rupture avec ce suzerain devenu lointain et inaugure l’ère de l’émancipation berbère. L’envoi depuis l’Égypte de tribus arabes nomades sur l’Ifriqiya marque la réplique des Fatimides à cette trahison.
Les Hilaliens suivis des Banu Sulaym — dont le nombre total est estimé à 50 000 guerriers et 200 000 Bédouins — se mettent en route après que de véritables titres de propriété leur ont été distribués au nom du calife fatimide. Kairouan résiste pendant cinq ans avant d’être occupée et pillée. Le souverain se réfugie alors à Mahdia en 1057 tandis que les nomades continuent de se répandre en direction de l’Algérie, la vallée de la Medjerda restant la seule route fréquentée par les marchands. Ayant échoué dans sa tentative pour s’établir dans la Sicile reprise par les Normands, la dynastie ziride s’efforce sans succès pendant 90 ans de récupérer une partie de son territoire pour organiser des expéditions de piraterie et s’enrichir grâce au commerce maritime.
Les historiens arabes sont unanimes à considérer cette migration comme l’événement le plus décisif du Moyen Âge maghrébin, caractérisé par une progression diffuse de familles entières qui a rompu l’équilibre traditionnel entre nomades et sédentaires berbères. Les conséquences sociales et ethniques marquent ainsi définitivement l’histoire du Maghreb avec un métissage de la population. Depuis la seconde moitié du VIIe siècle, la langue arabe demeurait l’apanage des élites citadines et des gens de cour. Avec l’invasion hilalienne, les dialectes berbères sont plus ou moins influencés par l’arabisation, à commencer par ceux de l’Ifriqiya orientale.
À partir du premier tiers du XIIe siècle, la Tunisie est régulièrement attaquée par les Normands de Sicile et du sud de l’Italie, basés dans le royaume normano-sicilien. Cependant, l’ensemble du territoire d’Ifriqiya finit par être occupé par l’armée du sultan almohade Abd al-Mumin lors de son expédition depuis le nord du Maroc en 1159[79]. L’économie devient florissante et des relations commerciales s’établissent avec les principales villes du pourtour méditerranéen (PiseGênesMarseilleVenise et certaines villes d’Espagne). L’essor touche également le domaine culturel avec les œuvres du grand historien et père de la sociologie Ibn Khaldoun ; le siècle almohade est considéré comme l’« âge d’or » du Maghreb. De grandes villes se développent et les plus belles mosquées sont érigées à cette époque.
Les Almohades confient la Tunisie à Abû Muhammad `Abd al-Wâhid ben Abî Hafs mais son fils Abû Zakariyâ Yahyâ se sépare d’eux en 1228 et fonde la nouvelle dynastie berbère des Hafsides. Elle acquiert son indépendance dès 1236 et dirige la Tunisie jusqu’en 1574, ce qui en fait la première dynastie tunisienne par sa durée. Elle établit la capitale du pays à Tunis, et la ville se développe grâce au commerce avec les Vénitiens, les Génois, les Aragonais et les Siciliens.
 

Les Hafsides de Tunis s’essoufflent et perdent peu à peu, après la bataille de Kairouan en 1348, le contrôle de leurs territoires au profit des Mérinides d’Abu Inan Faris, alors que, frappée de plein fouet par la peste de 1384, l’Ifriqiya continue de subir une désertification démographique amorcée par les invasions hilaliennes. C’est alors que commencent à arriver les Maures musulmans et juifs andalous fuyant la déchéance du royaume de Grenade en 1492 et occasionnant des problèmes d’assimilation. En une dizaine d’années, les souverains espagnols Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille prennent les cités de Mers el-KébirOranBougieTripoli et l’îlot situé en face d’Alger. Pour s’en libérer, les autorités de la cité sollicitent l’aide de deux corsaires renommés, d’origine grecque : les frères Arudj et Khayr ad-Din Barbaros ou Barberousse.
La Tunisie offrant un environnement favorable, les frères Barberousse s’y illustrent : Arudj reçoit en effet du souverain hafside aux abois l’autorisation d’utiliser le port de La Goulette puis l’île de Djerba comme base. Après la mort d’Arudj, son frère Khayr ad-Din se place dans la vassalité du sultan d’Istanbul. Nommé grand amiral de l’Empire ottoman, il s’empare de Tunis en 1534 mais doit se retirer après la prise de la ville par l’armada que Charles Quint mène en 1535. En 1560, Dragut parvient à Djerba et, en 1574, Tunis est reprise par les Ottomans, qui font de la Tunisie une province de l’empire en 1575. Pourtant, malgré leurs victoires, les Ottomans ne s’implantent guère en Tunisie.
Au cours du XVIIe siècle, leur rôle ne cesse de décroître au profit des dirigeants locaux qui s’émancipent progressivement de la tutelle du sultan d’Istanbul alors que seuls 4 000 janissaires sont en poste à Tunis. Au bout de quelques années d’administration turque, plus précisément en 1590, ces janissaires s’insurgent, plaçant à la tête de l’État un dey et, sous ses ordres, un bey chargé du contrôle du territoire et de la collecte des impôts. Ce dernier ne tarde pas à devenir le personnage essentiel de la régence aux côtés du pacha, qui reste confiné dans le rôle honorifique de représentant du sultan ottoman, au point qu’une dynastie beylicale finit par être fondée par Mourad Bey en 1613.
Le 15 juillet 1705, Hussein Ier Bey fonde la dynastie des Husseinites. Quoique toujours officiellement province de l’Empire ottoman, la Tunisie acquiert une grande autonomie au XIXe siècle, notamment avec Ahmed Ier Bey, régnant de 1837 à 1855, qui enclenche un processus de modernisation. À cette époque, le pays vit de profondes réformes, comme l’abolition de l’esclavage et l’adoption en 1861 d’une Constitution, et manque même de devenir une république indépendante.
Il est difficile de mesurer l’importance des influences turques qui demeurent en Tunisie. Quelques monuments affichent leur filiation ottomane. Dans un autre domaine, l’art des tapis, qui existait pour certains avant l’arrivée des Ottomans, voit les productions de Kairouan présenter au XVIIIe siècle des motifs purement anatoliens.

Malgré ces influences perceptibles dans l’aspect des objets manufacturés, l’empreinte de l’Italie voisine se fait de plus en plus manifeste au cours du XVIIIe siècle, tant dans l’architecture que dans la décoration, marquant ainsi une ouverture du pays à l’Europe.

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Toutefois, en raison de la politique ruineuse des beys, de la hausse des impôts et d’interférences étrangères dans l’économie, le pays connaît peu à peu de graves difficultés financières. Tous ces facteurs contraignent le gouvernement à déclarer la banqueroute en 1869 et à créer une commission financière internationale anglo-franco-italienne. La régence apparaît vite comme un enjeu stratégique de première importance de par la situation géographique du pays, à la charnière des bassins occidental et oriental de la Méditerranée. La Tunisie fait donc l’objet des convoitises rivales de la France et de l’Italie. Les consuls français et italien tentent de profiter des difficultés financières du bey, la France comptant sur la neutralité de l’Angleterre (peu désireuse de voir l’Italie prendre le contrôle de la route du canal de Suez) et bénéficiant des calculs de Bismarck, qui souhaite la détourner de la question de l’Alsace-Lorraine.
Signature du traité du Bardo au palais de Ksar Saïd le 12 mai 1881
Les incursions de « pillards » khroumirs en territoire algérien fournissent un prétexte à Jules Ferry pour souligner la nécessité de s’emparer de la Tunisie. En avril 1881, les troupes françaises y pénètrent sans résistance majeure et parviennent à occuper Tunis en trois semaines, sans combattre. Le 12 mai 1881, le protectorat est officialisé lorsque Sadok Bey signe forcé, sous peine de mort, le traité du Bardo au palais de Ksar Saïd. Ce qui n’empêche pas, quelques mois plus tard, les troupes françaises de faire face à des révoltes rapidement étouffées dans les régions de Kairouan et Sfax.
Le régime du protectorat est renforcé par les conventions de la Marsa du 8 juin 1883 qui accordent à la France le droit d’intervenir dans la politique étrangère, la défense et les affaires internes de la Tunisie. La France représente dès lors la Tunisie sur la scène internationale, et ne tarde pas à abuser de ses droits et prérogatives de protecteur pour exploiter le pays comme une colonie, en contraignant le bey à abandonner la quasi-totalité de ses pouvoirs au résident général. Néanmoins, des progrès économiques ont lieu, notamment via les banques et les compagnies. La colonisation permet l’expansion des cultures de céréales et de la production d’huile d’olive ainsi que l’exploitation des mines de phosphates et de fer. Un important port militaire est aménagé à Bizerte. De plus, dans le domaine de l’éducation, les Français établissent un système bilingue arabe et français qui donne l’opportunité à l’élite tunisienne de se former dans les deux langues.
La lutte contre l’occupation française commence dès le début du XXe siècle avec le mouvement réformiste et intellectuel des Jeunes Tunisiens fondé en 1907 par Béchir Sfar, Ali Bach Hamba et Abdeljelil Zaouche. Ce courant nationaliste se manifeste par l’affaire du Djellaz en 1911 et le boycott des tramways tunisois en 1912. De 1914 à 1921, le pays vit en état d’urgence et la presse anticolonialiste est interdite. Malgré tout, le mouvement national ne cesse pas d’exister. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, une nouvelle génération organisée autour d’Abdelaziz Thâalbi prépare la naissance du parti du Destour. Entré en conflit avec le régime du protectorat, le parti expose, dès la proclamation officielle de sa création le 4 juin 1920, un programme en huit points. Après avoir fustigé le régime du protectorat dans des journaux comme La Voix du Tunisien et L’Étendard tunisien, l’avocat Habib Bourguiba fonde en 1932, avec Tahar Sfar, Mahmoud El Materi et Bahri Guiga, le journal L'Action tunisienne, qui, outre l’indépendance, prône la laïcité. Cette position originale conduit le 2 mars 1934, lors du congrès de Ksar Hellal, à la scission du parti en deux branches, l’une islamisante qui conserve le nom Destour, et l’autre moderniste et laïque, le Néo-Destour, une formation politique moderne, structurée sur les modèles des partis socialistes et communistes européens, et déterminée à conquérir le pouvoir pour transformer la société.
Après l’échec des négociations engagées par le gouvernement Blum, des incidents sanglants éclatent en 1937 et les émeutes d’avril 1938 sont sévèrement réprimées. Cette répression conduit à la clandestinité du Néo-Destour, qui incite les nouveaux dirigeants à ne pas exclure l’éventualité d’une lutte plus active. En 1942, le régime de Vichy livre Bourguiba à l’Italie, à la demande de Benito Mussolini, qui espère l’utiliser pour affaiblir la Résistance française en Afrique du Nord. Cependant Bourguiba ne désire pas cautionner les régimes fascistes et lance le 8 août 1942 un appel pour le soutien aux troupes alliées. Pendant ce temps, la Tunisie est le théâtre d’importantes opérations militaires connues sous le nom de campagne de Tunisie Après plusieurs mois de combats et une contre-offensive blindée allemande dans la région de Kasserine et Sidi Bouzid au début de l’année 1943, les troupes du Troisième Reich sont contraintes de capituler le 11 mai dans le cap Bon, quatre jours après l’arrivée des forces alliées à Tunis. Après la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants nationalistes inscrivent la résistance armée dans la stratégie de libération nationale. Des pourparlers sont menés après la guerre avec le gouvernement français, si bien que Robert Schuman évoque en 1950 l’indépendance de la Tunisie en plusieurs étapes. Mais des troubles nationalistes en 1951 précipitent leur échec.
Avec l’arrivée du nouveau résident général, Jean de Hauteclocque, le 13 janvier 1952, et l’arrestation, le 18 janvier, de 150 destouriens dont Bourguiba, débutent la révolte armée, la répression militaire française et un durcissement des positions de chaque camp. De plus, avec l’assassinat du syndicaliste Farhat Hached par l’organisation colonialiste extrémiste de la Main rouge, le 5 décembre, se déclenchent manifestations, émeutes, grèves, tentatives de sabotage et jets de bombes artisanales. Le développement de la répression, accompagnée de l’apparition du contre-terrorisme, incite les nationalistes à prendre plus spécifiquement pour cibles les colons, les fermes, les entreprises françaises et les structures gouvernementales. C’est pourquoi les années 1953 et 1954 sont marquées par la multiplication des attaques contre le système colonial. En réponse, près de 70 000 soldats français sont mobilisés pour arrêter les guérillas des groupes tunisiens dans les campagnes. Cette situation difficile est apaisée par la reconnaissance de l’autonomie interne de la Tunisie, concédée par Pierre Mendès France le 31 juillet 1954.
C’est finalement le 3 juin 1955 que les conventions franco-tunisiennes sont signées entre le Premier ministre tunisien Tahar Ben Ammar et son homologue français Edgar Faure. En dépit de l’opposition de Salah Ben Youssef, qui sera exclu du parti, les conventions sont approuvées par le congrès du Néo-Destour tenu à Sfax le 15 novembre de la même année. Après de nouvelles négociations, la France finit par reconnaître « solennellement l’indépendance de la Tunisie » le 20 mars 1956, tout en conservant la base militaire de Bizerte.
 

Le 25 mars 1956, l’assemblée constituante est élue : le Néo-Destour en remporte tous les sièges et Bourguiba est porté à sa tête le 8 avril de la même année. Le 11 avril 1956, il devient le Premier ministre de Lamine Bey. Le Code du statut personnel, à tendance progressiste, est proclamé le 13 août. Finalement, le 25 juillet 1957, la monarchie est abolie ; la Tunisie devient une république dont Bourguiba est élu président le 8 novembre 1959.
Le 8 février 1958, en pleine guerre d'Algérie, des avions de l’armée française franchissent la frontière algéro-tunisienne et bombardent le village tunisien de Sakiet Sidi Youssef.
En 1961, dans un contexte d’achèvement prévisible de la guerre, la Tunisie revendique la rétrocession de la base de Bizerte : la crise qui suit fait près d’un millier de morts, essentiellement tunisiens, et la France finit, le 15 octobre 1963, par rétrocéder la base à l’État tunisien.
Avec l’assassinat de Salah Ben Youssef, principal opposant de Bourguiba depuis 1955, à Francfort et l’interdiction du Parti communiste (PCT) le 8 janvier 1963, la République tunisienne devient un régime de parti unique dirigé par le Néo-Destour. En mars 1963, Ahmed Ben Salah entame une politique « socialiste » d’étatisation pratiquement totale de l’économie. Des émeutes contre la collectivisation des terres dans le Sahel tunisien le 26 janvier 1969 poussent au limogeage de Ben Salah le 8 septembre avec la fin de l’expérience socialiste. Avec une économie affaiblie par la fin du socialisme et un panarabisme défendu par Mouammar Kadhafi, un projet politique qui unifierait la Tunisie et la République arabe libyenne sous le nom de République arabe islamique est lancé en 1974 mais échoue très rapidement en raison des tensions tant nationales qu’internationales.
Après la condamnation à une lourde peine de prison de Ben Salah, rendu responsable de l’échec de la politique des coopératives, viennent l’épuration de l’aile libérale du PSD animée par Ahmed Mestiri puis la proclamation de Bourguiba comme président à vie en 1975. C’est dans ces conditions, marquées par un léger desserrement de l’étau du PSD sous le gouvernement d’Hédi Nouira, que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) gagne en autonomie tandis que naît en 1976 la Ligue tunisienne des droits de l'homme, première organisation nationale des droits de l’homme en Afrique et dans le monde arabe. Le coup de force du « Jeudi noir » contre l’UGTT en janvier 1978 puis l’attaque contre la ville minière de Gafsa, en janvier 1980, ne suffisent pas à museler la société civile émergente.
Dès le début des années 1980, le pays traverse une crise politique et sociale où se conjuguent le développement du clientélisme et de la corruption, la paralysie de l’État devant la dégradation de la santé de Bourguiba, les luttes de succession et le durcissement du régime. En 1981, la restauration partielle du pluralisme politique, avec la levée de l’interdiction frappant le Parti communiste, suscite des espoirs qui seront déçus par la falsification des résultats aux élections législatives de novembre. Par la suite, la répression sanglante des « émeutes du pain » de décembre 1983, la nouvelle déstabilisation de l’UGTT et l’arrestation de son dirigeant Habib Achour contribuent à accélérer la chute du président vieillissant. La situation favorise la montée de l’islamisme et le long règne de Bourguiba s’achève dans une lutte contre l’islamisme menée par Zine el-Abidine Ben Ali, nommé ministre de l’Intérieur puis Premier ministre en octobre 1987.
Le 7 novembre 1987, Ben Ali dépose le président pour sénilité, action accueillie favorablement par une large fraction du monde politique. Élu le 2 avril 1989 avec 99,27 % des voix, le nouveau président réussit à relancer l’économie alors que, sur le plan de la sécurité, le régime s’enorgueillit d’avoir épargné au pays les convulsions islamistes qui ensanglantent l’Algérie voisine, grâce à la neutralisation du parti Ennahda au prix de l’arrestation de dizaines de milliers de militants et de multiples procès au début des années 1990. Les opposants laïques signent quant à eux le Pacte national en 1988, plate-forme destinée à la démocratisation du régime. Pourtant, l’opposition et de nombreuses ONG de défense des droits de l'homme accusent peu à peu le régime d’attenter aux libertés publiques en étendant la répression au-delà du mouvement islamiste. En 1994, le président Ben Ali est réélu avec 99,91 % des voix et signe l’année suivante un accord de libre-échange avec l’Union européenne. Les élections du 24 novembre 1999, bien qu’elles soient les premières présidentielles à être pluralistes avec trois candidats, voient le président Ben Ali réélu avec un score comparable aux scrutins précédents.
La réforme de la Constitution approuvée par le référendum du 26 mai 2002 accroît encore les pouvoirs du président, repousse l’âge limite des candidats, supprime la limite des trois mandats réintroduite en 1988 et permet au président de briguer de nouveaux mandats au-delà de l’échéance de 2004 tout en bénéficiant d’une immunité judiciaire à vie.
Le 11 avril 2002, un attentat au camion piégé vise la synagogue de la Ghriba et provoque la mort de 19 personnes dont quatorze touristes allemands. Durant le premier semestre 2008, de graves troubles secouent la région minière de Gafsa durement frappée par le chômage et la pauvreté. Le 25 octobre 2009, le président Ben Ali est réélu pour un cinquième mandat consécutif avec 89,62 % des voix, passant pour la première fois sous la barre des 90 %. La campagne est marquée par une visibilité accrue de son épouse Leïla. L’un des gendres du couple, Mohamed Sakhr El Materi, est élu député à cette occasion.
 

Cependant, un climat insurrectionnel éclate suite à l’immolation d’un jeune vendeur de fruits et légumes ambulant, Mohamed Bouazizi, le 17 décembre 2010 dans la région de Sidi Bouzid ; celle-ci devient le théâtre d’émeutes meurtrières entre habitants et forces de l’ordre.
Ces événements, qui s’étendent ensuite à d’autres régions du pays, s’inscrivent dans un contexte où le taux de chômage des jeunes diplômés est particulièrement élevé alors que, comme le montre Gérard-François Dumont, le poids démographique relatif des jeunes générations d’actifs atteint son maximum historique. Les causes sont également politiques : le président Ben Ali et sa famille, notamment celle de sa seconde épouse Leïla, les Trabelsi, qualifiée selon les observateurs de « clan quasi-mafieux », sont directement mis en cause dans des affaires de corruption, de détournement ou de vol, fléaux qui ont particulièrement pris de l’ampleur sous sa présidence. Le 13 janvier 2011, Ben Ali annonce la prise de mesures extraordinaires lors d’une intervention télévisée : la promesse d’une pleine liberté de la presse et d’expression politique ainsi que son refus de se représenter aux élections prévues en 2014.
Cependant, cette allocution ne contribue pas à calmer la colère de la population, contraignant le président à céder finalement le pouvoir à son Premier ministre Mohamed Ghannouchi le lendemain et à quitter le pays le soir même. Conformément à la Constitution, le président de la Chambre des députés, Fouad Mebazaa, est finalement proclamé président par intérim par le Conseil constitutionnel le 15 janvier. Celui-ci est chargé d’organiser des élections présidentielles dans les soixante jours.
Le 17 janvier, un « gouvernement d’union nationale » de 24 membres incluant des opposants au régime déchu (dont trois chefs de l’opposition légale) est constitué. Le jour même, la libération de tous les prisonniers d’opinion, la levée de l’interdiction d’activité de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, « la liberté totale de l’information » ainsi que la légalisation de tous les partis politiques et associations qui le demanderaient, est annoncée. Cependant, la présence de membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) à des postes clés provoque de nouveau, en moins de 24 heures, la colère de la population et la démission de plusieurs ministres d’opposition, fragilisant d’autant plus ce gouvernement. Le départ ou la radiation du RCD de plusieurs personnalités éminentes n’ont aucun effet sur la suspicion que l’opinion publique entretient à l’égard de l’ancien parti présidentiel, dont plusieurs manifestants réclament la dissolution. Cependant, le 20 janvier, les ministres encore affiliés à cette formation annoncent l’avoir quitté eux aussi. Face à la pression de la rue exigeant leur départ, un remaniement ministériel a lieu le 27 janvier, écartant définitivement (hormis Mohamed Ghannouchi) les anciens membres du RCD de toutes responsabilités gouvernementales. Le 6 février, le ministre de l’Intérieur Farhat Rajhi gèle les activités du RCD en attendant sa dissolution juridique, tandis que le parlement confère au président par intérim des pouvoirs supplémentaires, comme celui de dissoudre le parlement.
Ghannouchi est cependant contraint de démissionner à son tour le 27 février à la suite de plusieurs jours de manifestations marquées par des violences ; il est remplacé le jour par l’ancien ministre de Bourguiba, Béji Caïd Essebsi. L’état d'urgence est en vigueur à partir de janvier 2011. Suite à des affrontements entre forces de l’ordre et islamistes radicaux salafistes, il est prolongé de trois mois jusqu’en janvier 2013.
 

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